La symptothermie, méthode de contraception naturelle

Je commencerai avec un premier constat navrant. En 2021, la contraception reste encore malheureusement une affaire majoritairement féminine (pour rappel, la légalisation de la contraception remonte à 1967). Même si des moyens de contraception (hors préservatif) existent. Des chercheurs écossais ont notamment développé il y a quelques années une pilule contraceptive pour homme (tout comme vous sans doute, je découvre l’information !). Méthode un peu plus radicale et permanente (mais qui pourrait ne pas être définitive), la vasectomie, peu pratiquée en France puisque moins de 1% des hommes y auraient recours.

Affaire de femme je disais donc. Pour beaucoup de femmes, le parcours contraceptif était souvent le même : usage du préservatif dans les premières années de vie sexuelle, prise de la pilule au sein d’un couple stable, puis remplacement par un stérilet après la ou les grossesses. Pendant bien longtemps, les gynécologues refusaient de poser un stérilet aux femmes n’ayant pas encore eu d’enfant (oui, on dit nullipare, mais je trouve ce terme laid !). Les avis ont depuis évolué et de nombreux gynécologues acceptent la pose même sans première grossesse. Restait donc les méthodes hormonales (pilule, implant, anneau, patch…). 

Selon une étude de santé publique menée en 2016 (1), plus de sept femmes sur dix (71,8 %) recouraient alors à une méthode médicalisée de contraception (pilule, stérilet ou DIU, implant, patch, anneau, injection, stérilisation tubaire, vasectomie du conjoint). Néanmoins, la pilule restait la méthode la plus utilisée (36,5 % des femmes interrogées).

A noter toutefois que le recours à la pilule a diminué, notamment depuis une importante controverse survenue fin 2012 début 2013 au sujet des pilules de 3è et 4è génération, mettant en avant le risque de trombose veineuse profonde associé à leur utilisation. Le recours à la pilule a alors commencé à baisser, passant de 50% à 41% entre 2010 et 2013. C’est sans oublier, au-delà de cet effet indésirable grave, les très fréquents autres effets indésirables, tels que prise de poids, nausées, saignements irréguliers, perte de libido, maux de tête, troubles de l’humeur… la liste est assez longue !

Tout ceci a amené de nombreuses femmes et jeunes femmes à s’interroger sur une méthode contraceptive alternative. Nous en arrivons ainsi à la symptothermie !

Cette méthode de contraception naturelle repose à la fois sur l’interprétation de la courbe des températures et des autres signes de fertilité (comme la glaire cervicale, ou la position du col de l’utérus). C’est Sarah, naturopathe et conseillère en symptothermie, qui nous en parle !

Quelle est l’utilité de la symptothermie ?

Son but premier, c’est la connaissance de notre propre fonctionnement physiologique de femme. La méthode peut être utilisée aussi bien dans un objectif de contraception (pour éviter une grossesse non désirée), ou au contraire favoriser les chances de grossesse, en identifiant les jours les plus propices à la conception (sachant qu’une femme est fertile sur 1 semaine à 10 jours par cycle). On est ensuite en mesure de voir dans le cyclogramme quand une grossesse a commencé.

Dans un souhait de contraception naturelle, la symptothermie est utilisée en combinaison avec une méthode contraceptive barrière ou l’abstinence pendant les jours fertiles.

Comment la symptothermie se met-elle en place ?

Au début de l’apprentissage, on commence à apprendre les deux signes fondamentaux de la symptothermie. C’est-à-dire la température et la glaire cervicale. Chaque jour, on note ces observations dans un tableau, le cyclogramme. C’est la corrélation entre ces deux signes qui donne la fiabilité à la symptothermie. On l’appelle le double contrôle symptothermique.

Commençons par la température. On la prend au réveil car c’est là qu’elle est la plus stable d’un jour à l’autre. En début de cycle, elle est relativement basse. Puis aux alentours de l’ovulation, elle augmente, puis se maintient plus élevée jusqu’aux règles. La montée est parfois de faible amplitude. C’est pourquoi il faut un thermomètre très fiable : basal avec deux chiffres après la virgule.

Le second signe, c’est la glaire cervicale. En symptothermie, on l’appelle élixir, c’est plus poétique. Il fait partie de ce qu’on appelle communément les pertes blanches. Sa particularité, c’est qu’il est sécrété par le col de l’utérus et que sa qualité évolue au fil du cycle. Plus on approche de l’ovulation, plus sa consistance va favoriser la fécondation. Si on le regarde au microscope, aux alentours de l’ovulation, il ressemble à un alignement de petits couloirs remplis de liquide nutritif pour les spermatozoïdes. Tandis qu’après l’ovulation, il ressemble à une pelote de laine qu’on aurait oublié dans un placard. Même sans microscope, on voit qu’il évolue d’un jour à l’autre. En général, il est opaque et fluide en début de cycle, puis transparent et filant aux alentours de l’ovulation, puis de nouveau opaque et grumeleux. Chaque femme a son propre schéma d’élixir. Les premiers cycles d’observation servent à le comprendre.

Ensuite, on apprend à interpréter les autres signes : ressenti d’humidité, palpation du col pour celles qui le souhaitent, et enfin l’analyse du cyclogramme.

Est-ce facile à mettre en place ?

Je dirais que si on est motivée, c’est plutôt facile. En vrai, c’est un peu comme passer le permis de conduire. C’est plus facile pour certaines que pour d’autres. Au début, on se demande comment on va réussir à penser à tout. Puis assez vite, on prend le réflexe des observations et cela devient naturel. Il faut en général 6 mois pour être bien à l’aise avec la symptothermie. C’est plus facile quand on a déjà un cycle naturel depuis plusieurs mois, que lorsqu’on vient juste d’arrêter une contraception hormonale par exemple. Mais c’est toujours passionnant de voir son cycle revenir et d’apprendre son propre fonctionnement cyclique.

Quelle est la différence avec la méthode des températures ou la méthode Billings?

La méthode des température est intéressante pour un projet de grossesse. Elle est un peu moins précise que la symptothermie pour repérer l’ovulation mais peut sembler moins contraignante. Par contre, cette méthode n’est pas idéale si on souhaite éviter une grossesse car elle donne beaucoup moins de jours infertiles que la méthode symptothermique. Pour un même cycle, on a parfois une semaine de jours infertiles supplémentaires en symptothermie comparé à la méthode des températures.

On peut aussi comparer la symptothermie à la méthode Billings, qui est basée sur les ressentis et l’élixir. C’est une méthode plus difficile à apprendre. Elle est très intéressante pour les femmes qui travaillent à des horaires irréguliers, comme les infirmières qui alternent nuits et jours, ou les hôtesses de l’air car les températures sont perturbées par ces changements d’horaires. Et pour beaucoup de ces femmes, on ne pourra pas utiliser la symptothermie.

J’aimerais aussi parler de la méthode du calendrier, ou méthode Ogino. Cette méthode repose sur le principe d’un cycle régulier et dont la phase post-ovulatoire a une durée de 14 jours. Elle est donc théoriquement fiable pour les femmes qui ont un cycle de ce type. Mais elles sont en réalité peu nombreuses. Il est important de savoir que seules 13% des femmes ont un cycle de 28 jours avec ovulation au 14ème jour. De plus, le cycle n’est pas une priorité physiologique. Donc en cas de stress ou de maladie par exemple, le cycle est perturbé et l’ovulation peut être décalée. Et dans ce cas, cette méthode n’est pas fiable du tout. D’où le nombre très important de « bébés Ogino ».

A quelles femmes cela s’adresse ?

C’est là que la symptothermie est une méthode géniale. Elle s’adresse à toutes les femmes pendant toute leur vie fertile, de la puberté à la ménopause. Les femmes qui ont un cycle régulier et les femmes qui ont un cycle irrégulier. Et quel que soit l’objectif : connaissance de soi, contraception, ou conception.

Mais pourquoi donc une photo (de ce qui est censé être) un avocat me direz-vous? et bien lorsque vous cherchez des photos de ventre sur les banques de donnes d’images, vous ne trouvez que des ventres ultra-plats, qui ne sont pas le reflet de la moyenne des femmes. Aussi j’ai trouvé ce petit intrus d’avocat très mignon 🙂

Quels sont les risques d’échec (grossesse non souhaitée notamment) ?

Le risque d’échec principal est bien sûr l’arrivée d’une grossesse non désirée. En pratique, il est très faible quand on a été formée par une conseillère expérimentée.
Les méthodes contraceptives sont évaluées avec l’indice de Pearl (théorique) et avec un indice pratique. Plus l’indice est faible, plus la méthode est fiable.

On voit ci-dessous que la méthode Ogino est la moins fiable. Alors que la symptothermie a une fiabilité proche de la méthode des températures ou même de la pilule !

Les femmes qui ont un cycle très long avec beaucoup d’élixir tout au long du cycle préféreront se tourner vers d’autres méthodes si elles souhaitent une contraception naturelle. Car la symptothermie indiquerait très peu de jours infertiles dans ces cycles très longs. Mais c’est un cas particulier. Dans ce cas, il est aussi possible d’accompagner la régularisation des cycles en naturopathie. Ce qui fait qu’à terme, la symptothermie redevient intéressante.

Comment t’es-tu toi-même formée ?

Je me suis formée avec la Fondation SymptoTherm avec qui je continue à travailler. Elle propose une application très fiable de cyclogrammes. C’est très pratique surtout en début d’apprentissage. J’ai bien sûr complété par de nombreuses lectures, dont des ouvrages du professeur Rötzer, de Tom Hilgers et les études scientifiques récentes dont celles du professeur Ecochard. L’année dernière, j’ai participé à un cursus de formation sur la restauration de la fertilité à la faculté de médecine de Lyon, menée par le professeur Ecochard. Parallèlement, je continue de me former en naturopathie sur les différentes méthodes de soutien du cycle (bains de yoni, plantes, élixirs floraux etc.).

Comment se passe une consultation de symptothermie ?

Je propose des rendez-vous de démarrage en symptothermie à mon cabinet à Saint Quentin en Yvelines (78) ou en visio. Ce rendez-vous dure environ 1h30. Je commence par expliquer le fonctionnement du cycle féminin car c’est important pour comprendre les observations symptothermiques. Puis nous entrons dans le vif du sujet pour apprendre de manière très concrète comment s’observer et comment noter ses observations dans le cyclogramme.

Suite à ce premier rendez-vous, la femme (le couple) peut choisir de travailler sur des cyclogrammes imprimés à remplir à la main, ou avec l’application sympto.

Pour le suivi, je propose deux solutions en fonction du choix de gestion des cyclogrammes. Si la femme choisi de travailler sur des cyclogrammes papier, nous prévoyons des rendez-vous réguliers à chaque fin de cycle pendant environ 6 cycles. Ces rendez-vous durent environ 45 minutes. Nous en profitons pour faire un bilan du cycle, et pour poser les bases pour apprendre l’étape suivante.

Si elle a choisi de travailler avec l’application sympto, alors nous communiquons par cette application, avec ou sans rendez-vous réguliers selon son besoin.

Dans les deux cas, la première étape consiste à comprendre le schéma d’élixir personnel. Ensuite, nous avançons au rythme de chaque femme. Ces 6 mois de suivi sont importants pour avoir le temps d’apprendre toute la méthode et pour vivre suffisamment d’événements de la vie qui perturbent le cycle. Cela permet ensuite d’être bien équipée pour continuer en autonomie pour toute la suite de sa vie fertile.

Merci à Sarah pour cet éclairage sur la méthode !

Si vous souhaitez en savoir plus :

Sarah Nonnenmacher, Naturopathe & conseillère en symptothermie
www.helicovert.com

Ainsi que le site de la Fondation : https://sympto.org/3/fr/?p=home-main&lang=fr

https://www.santepubliquefrance.fr/ BAROMÈTRE SANTÉ 2016 – CONTRACEPTION

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