Si vous surfez sur les réseaux sociaux, vous aurez peut-être remarqué qu’il est un sujet dont on parle beaucoup depuis quelques mois : celui du CBD, décliné dans diverses gammes de compléments alimentaires (cet article est en projet depuis des mois mais je n’avais pas trouvé le temps de le rédiger !). J’ai pu observer que dans l’inconscient collectif, il y a une certaine confusion et que le CBD est associé à la marijuana (beuh, herbe, shit, comme vous voudrez…). Certains vont peut-être être déçus, et d’autres rassurés ! Je vous en dis plus dans cet article !
Cannabis, chanvre, quelle est la différence ?
Et bien il n’y en a pas ! Il s’agit d’une seule et même espèce au plan botanique. Le chanvre est d’ailleurs utilisé depuis des millénaires. On exploitait notamment ses fibres (pour la fabrication de tissus ou de cordages), ses graines (comme denrée alimentaire pour l’alimentation animale ou humaine) et ses fleurs séchées (pour des rituels religieux par exemple).
Il existe 4 principales variétés de chanvre :
- Cannabis sativa sativa = C’est un chanvre qui est cultivé pour ses fibres, ses graines (qui vont servir à la production d’huiles et de protéines à usage alimentaire, la fabrication de produits cosmétiques) ou ses fleurs (qui vont contenir notamment le CBD). Sa culture est légale en France si la teneur en THC est inférieure à 0,2% dans la plante en culture.
- Cannabis sativa ruderalis : il s’agit d’un chanvre sauvage cultivé pour ses fibres à destination d’un usage industriel.
- Cannabis sativa indica (ou chanvre indien) et kafiristanica (ou chanvre afghan), qui sont riches en THC (la fameuse molécule à l’effet planant). Ces deux variétés ayant des propriétés stupéfiantes importantes, leur culture est illégale en France.

Que dit la législation en France
Le chanvre ayant des propriétés psychotropes (que l’on appelle communément marijuana) est classifié comme stupéfiant et est interdit en France. Sa culture, sa commercialisation et sa consommation sont (pour l’heure) illégales.
La culture de plantes présentant moins de 0,2% de THC (dans les fleurs) est en revanche autorisée, comme indiqué plus haut. Cependant, paradoxe, la transformation n’est pas autorisée (ce qui fait que l’extraction du CBD se fait en général dans des pays d’Europe voisins). Les produits finis commercialisés doivent contenir 0% de THC (selon la qualité des extraits, la présence de traces n’est pas exclue, ce qui peut être problématique).
Les effets thérapeutiques du CBD
Il existe dans l’organisme humain un ensemble de récepteurs : le système endocannabinoïde, impliqué dans la régulation de nombreuses fonctions (parmi elles le sommeil, la mémoire, la douleur, l’inflammation, la digestion…). Ces récepteurs (on distingue les récepteurs CB1 et CB2, mais je ne rentrerai pas plus dans le détail) se situent surtout au niveau du système nerveux central (cerveau, cervelet et moelle épinière) et périphérique (nerfs), mais aussi au niveau des muscles, et beaucoup d’autres organes ou cellules (y compris des cellules du système immunitaire). Sur ces récepteurs vont pouvoir venir se fixer des cannabinoïdes endogènes (c’est-à-dire produits par notre propre organisme), mais c’est aussi sur ces mêmes récepteurs que vont venir se fixer les phytocannabinoïdes (du chanvre par exemple, CBD entre autres). Pour faire simple, la localisation de ces récepteurs dans l’organisme va expliquer les nombreuses propriétés attribuées au CBD.
Alors quelles sont ces propriétés ? et bien la liste est longue ! On parle même du CBD comme un adaptogène de 3ème génération ! Parmi les principaux effets mis en avant :
- Effets antalgiques et anti-inflammatoires, donc un intérêt potentiel dans les pathologies avec composante inflammatoire, et le traitement de la douleur.
- Effet sur l’humeur et la susceptibilité au stress : il aurait un effet antidépresseur et présente un intérêt dans les troubles anxieux.
- Effet protecteur cérébral et antioxydant
- Effet sur le système immunitaire : il régule les médiateurs de l’immunité cellulaire (les fameux lymphocytes T) et humorale (interleukines, cytokines..). Il aurait également un effet modulateur dans les réactions d’hypersensibilité (donc intéressant par rapport aux allergies, asthme…).
Le CBD peut aussi avoir un intérêt pour le sevrage aux addictions, y compris le sevrage du cannabis aux propriétés psychotropes !
L’un des autres avantages est qu’il a une toxicité très faible.
Il a en revanche la particularité d’inhiber certaines enzymes au niveau du foie (certains cytochromes), et peut donc potentiellement interagir avec certains médicaments.
A noter qu’il existe certains médicaments qui contiennent du CBD, pas forcément disponibles en France (par exemple Sativex, Epidiolex, Cannador…).
Vous avez peut-être également entendu parler il y a quelques mois du lancement d’une étude clinique sur l’usage du cannabis chez 3000 patients présentant des pathologies lourdes. L’étude durera 2 ans mais de premiers résultats devraient être communiqués au bout de 6 mois. Elle porte sur différentes formes : avec THC dominant, ratio équilibré en THC et CBD, ou CBD dominant.
Plus d’informations ici.
Le CBD sous quelle forme ?
La plupart des compléments à base de CBD aujourd’hui disponibles sont proposés sous forme huileuse, à prendre par voie orale (on trouve également de façon plus anecdotique des gommes, bonbons, chewing-gums, mais proposés par des marques moins sérieuses à mon sens, qui communiquent énormément sur les réseaux sociaux et proposent des partenariats à tout va (que j’ai refusés d’ailleurs).
On distinguera :
- Les huiles contenant du CBD seul, purifié, dilué dans de l’huile de chanvre, ou de sésame, ou autre huile. Les avantages : des produits plus concentrés, donc plus efficaces, et la garantie d’une absence de composés indésirables (THC) (par exemple Laboratoire Copmed).
- Les huiles contenant un spectre plus large de cannabinoïdes (dont le CBD). Ce qui est mis en avant par les laboratoires qui proposent ce type de formules est que l’on bénéficie du fameux effet « entourage » évoqué plus haut (par exemple laboratoire LPEV).
- Ou des compléments associant du CBD purifié à d’autres plantes (tilleul, mélisse, etc..) pour un effet synergique (par exemple marque Tilyo).
Certains des compléments lancés récemment sur le marché mettent également en avant l’association de CBD avec des plantes adaptogènes (parfois en appelant adaptogène des plantes qui n’en sont pas d’ailleurs !)

Mais qu’est-ce donc qu’une plante adaptogène ?
Les plantes adaptogènes ont la particularité d’améliorer la résistance de l’organisme au stress. Parmi les plantes adaptogènes les plus connues : la rhodiole ou rhodiola, l’ashwaganda, le ginseng, l’éleuthérocoque…
Ce qui a un peu le don de me titiller, c’est la tendance de certaines marques de compléments d’utiliser le terme adaptogène à tout va (c’est le dernier mot à la mode !). Alors non, la verveine, la mélisse, ou le tilleul par exemple ne sont PAS des plantes adaptogènes ! 😉 (par contre elles vont bien avoir un effet apaisant !)
Comment prendre le CBD
L’un des biais est que l’efficacité par voie orale est assez faible car le CBD assimilé au niveau de l’intestin est ensuite majoritairement transformé en métabolite inactif par le foie. C’est pourquoi on recommande de garder le complément en bouche pendant 30 secondes à 1 minute afin de déjà permettre une assimilation sublinguale et une action plus rapide.
La prise doit se faire de façon progressive, en commençant par 1 ou 2 gouttes par jour seulement. Puis augmentation progressive jusqu’à la dose recommandée.
Quant aux doses recommandées, elles sont justement à définir avec votre praticien de santé, en fonction des effets recherchés !
Les contre-indications à l’usage du CBD
La démocratisation de ce genre de compléments et le fait que chacun puisse en prendre sans recommandation particulière n’est pas sans risque et il existe certaines précautions d’usage !
Les compléments à base de CBD ne DOIVENT PAS être pris en cas de pathologie hépatique (taux de transaminases déjà élevé par exemple).
Le CBD agissant sur le métabolisme hépatique, comme mentionné précédemment, il est susceptible d’interférer avec d’autres médicaments (qui sont eux soit activés ou désactivés par les enzymes hépatiques). Si toutefois vous prenez déjà un traitement médicamenteux, il est nécessaire de demander l’aval de votre médecin au préalable afin d’écarter tout risque d’interaction (diminution de l’efficacité ou au contraire augmentation de l’efficacité des médicaments).
Pas d’utilisation de CBD si vous prenez déjà des traitements anxiolytiques ou antidépresseurs ou hypnotiques (benzodiazépines ou autres psychotropes). Si toutefois vous souhaitez avoir recours au CBD dans une optique de sevrage des antidépresseurs, cela doit se faire avec l’accord de votre médecin et de façon guidée et encadrée.
Précaution également si toutefois vous prenez déjà des médicaments sédatifs (risque de détresse respiratoire).
Pas d’utilisation chez les personnes bipolaires.
Pas d’association avec les médicaments opioïdes (dérivés morphiniques, y compris codéine, ou Médicament tel que la Tramadol par exemple).
Enfin sans surprise, le CBD est déconseillé aux femmes enceintes, allaitantes et enfants de moins de 15 ans (pour les enfants, il existerait des exceptions chez les enfants épileptiques résistants aux traitements habituels, mais dans ce cas la prise doit être accompagnée par un médecin).

En conclusion, le CBD paraît être une piste intéressante pour de nombreux aspects, tant la gestion du stress, l’amélioration du sommeil, le soulagement de la douleur, etc… voire dans des pathologies bien plus lourdes (Sclérose en plaques, parkinson débutant, maladies auto-immunes…) mais avec une certaine prudence si toutefois il existe déjà un traitement médicamenteux en cours. Et bien sûr il est largement préférable de vous faire conseiller par un thérapeute ou médecin pour son bon usage !
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