A la découverte de la cryothérapie

Cryothérapie…  Vous avez sans doute déjà entendu ce terme. Etymologiquement, dérivé du grec Kryos = froid . Il est donc question de thérapie par le froid. On connaît bien l’usage du chaud pour calmer les tensions musculaires, on connaît moins l’usage de ces autres extrêmes de température.

Si l’application de froid dans un but thérapeutique est utilisée depuis l’antiquité (encore notre ami Hippocrate), c’est un japonais qui a mis au point la première chambre de cryothérapie en 1978, où la température pouvait descendre en deçà de -160°C grâce à l’utilisation d’azote liquide. Le but était là encore thérapeutique. La technique s’est ensuite développée dans les pays du nord et de l’est de l’Europe (Allemagne, Autriche, Finlande, Pologne…) avant d’intéresser nos contrées !

Le principe : la personne est soumise pendant une durée courte (quelques minutes) à un froid intense. On distingue deux types de pratiques :

  • La cryothérapie en « chambre froide », où l’on va passer successivement dans des salles avec des températures de plus en plus froides. La totalité du corps est donc concernée, tête y comprise ;
  • La cryothérapie en cabine, où la tête reste en dehors du caisson. Le refroidissement est assuré par l’injection de froid – généré par la décompression de l’azote liquide – dans la cabine.

La technique est par exemple utilisée à l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). Au départ majoritairement pour les sportifs de haut niveau, mais les applications se sont élargies et les séances sont désormais ouvertes aux personnes extérieures. L’institut est ainsi équipé d’une chambre de cryothérapie corps entier, avec trois compartiments à -10°,-60°et -110°C. Depuis lors, des centres de cryothérapie ont fleuri un peu partout en France.

Quels sont ses bénéfices ?

Côté sportifs, il est mis en avant l’amélioration de la récupération et des performances. Côté thérapeutique, on parle de traitement de pathologies musculaires et inflammatoires de l’appareil locomoteur : rhumatismes inflammatoires, fibromyalgie, certaines maladies nerveuses (SEP (Sclérose en plaques) par exemple), tendinites…  De façon plus « légère », on mentionne également une action sur la fatigue, les insomnies, le stress.

Mais alors comment cela marche et quels sont les mécanismes mis en jeu ?

Le corps humain (sauf contre-indications dont on parlera plus bas) est en mesure de supporter pendant quelques minutes des températures froides extrêmes, l’air étant sec, ce qui évite les risques de brûlures. La peau doit bien entendu être sèche (c’est pourquoi on demande d’éviter toute activité physique au moins 30 min avant la séance) et les objets métalliques (bijoux et autres) doivent être retirés. L’objectif est de créer en quelque sorte un choc thermique. Les  thermorécepteurs périphériques (situés dans l’épiderme) vont percevoir la baisse de la température externe. Ils vont alors envoyer – via le système nerveux – des signaux à l’hypothalamus, centre nerveux situé dans notre cerveau, qui sert de centre intégrateur (c’est un peu le chef d’orchestre de notre organisme). Dès lors vont s’enchaîner tout un tas de réactions qui sont résumées sur le schéma ci-dessous.

schema cryo

Des messages vont atteindre les muscles déclenchant le réflexe de frisson, dont le but est de réchauffer la peau. La thermorégulation passe également par un contrôle hormonal de l’activité de différents organes effecteurs. L’hypothalamus et sa petite copine l’hypophyse vont envoyer des messages aux surrénales et à la thyroïde :

  • Les médullosurrénales vont ainsi produire plus d’adrénaline. Le résultat : une vasoconstriction sur tout le réseau de capillaires sanguins, le but étant de limiter les pertes de chaleur au niveau de la peau, et une activation de la lipolyse (on brûle effectivement plus de graisses dans le froid).
  • Les hormones thyroïdiennes vont quant à elle également accroître la thermogénèse, via la mobilisation du glycogène hépatique (nos réserves de sucres dans le foie) et la néoglucogenèse (la formation de glucose à partir d’acides aminés ou de différents intermédiaires métaboliques, mais on ne rentrera pas dans le détail). Les mitochondries fonctionnent également à plein régime pour produire de l’énergie (ATP).

Ainsi, grâce à tous ces mécanismes, seule la température de la peau baisse ; la température centrale de l’organisme doit en revanche rester stable à 37°C, de façon à protéger les organes vitaux.

Enfin, dernier point, et non des moindres, l’organisme va produire des molécules anti-inflammatoires (cytokines).

J’ai rencontré Aurèle, de l’institut de cryothérapie Pøle à Paris équipé de cabines de cryothérapie, qui a répondu à mes questions.

Peux-tu nous expliquer le principe de fonctionnement des cabines dont est équipé le centre ?

Il s’agit de machines « corps entier », développées par un concepteur espagnol. Pendant la séance, la personne est debout dans la cabine, la tête reste en dehors du caisson et l’étanchéité est assurée avec une collerette. On insuffle tout d’abord de l’air chaud à 60°C de façon à ce que la personne se relâche, puis on descend progressivement en température, en fonction du ressenti de la personne (durant 30 sec à 1min20), jusqu’à une température pouvant atteindre -196°C (le palier de froid intense est maintenu pendant 3 minutes si la personne le supporte). Pieds et mains sont protégés (gants et chaussons). La personne n’est jamais laissée seule pendant la séance ; un opérateur est toujours présent de façon à adapter le programme selon la réaction du sujet.

Qu’est-ce qui t’a amené à cette technique ?

Je faisais beaucoup de sport, notamment du wakeboard, et me blessais beaucoup. Le fait d’avoir pu limiter mes blessures grâce à la cryothérapie m’a convaincu de ses bénéfices… ce qui m’a amené quelques années plus tard à l’ouverture de ce centre !

Quelle est la typologie de personnes que tu reçois en séance ?

C’est très variable. Cela va du sportif – on reçoit beaucoup de runners – à des personnes plus âgées, souvent sujettes aux rhumatismes, arthrose ou douleurs diverses !

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Quels sont les bénéfices attendus dans chacun des cas ?

Chez le sportif, l’intérêt est double :

  • Cela peut faciliter et accélérer la récupération après une épreuve sportive (course, trail…), en agissant sur les lésions musculaires ou tendineuses. Le corps exposé au froid intense va mettre en place une stratégie de lutte contre ce stress (NDLR : Comme mentionné plus haut, cette stratégie implique l’intervention des surrénales. D’un point de vue naturopathique, la technique serait donc à éviter chez les personnes trop fatiguées (fatigue chronique ou post burn-out par exemple), car leurs surrénales ne vont pouvoir réagir correctement). On observe une diminution des cytokines pro-inflammatoires et à l’inverse une augmentation des cytokines anti-inflammatoires, ce qui va limiter l’inflammation et donc la douleur. De plus, le froid limitant la propagation des influx nerveux, cela contribue à diminuer la douleur.  On a également un effet myorelaxant : on obtient un assouplissement des muscles tendus et courbaturés. La sensation de fatigue est réduite. Le fait d’avoir une intensification de la circulation sanguine (vasoconstriction puis vasodilatation) va aussi accélérer le drainage des toxines hors des tissus et donc faciliter la récupération.
  • Il y a également un intérêt en entretien pendant la préparation à une épreuve, car l’on va limiter les blessures à l’entraînement (il n’est pas rare de voir des personnes arriver sur un marathon avec des blessures liées à leur entraînement !). Cela permet de récupérer de façon optimale des sessions d’entraînement pour être au top le jour J.

On observe également de bons résultats sur les maladies de peau (eczéma, psoriasis…) (il ne doit pas y avoir de petites plaies en revanche).

Enfin, dans un autre registre, on obtient également des bénéfices chez les personnes stressées ou ayant des troubles du sommeil, grâce à la production d’endorphines.

Comment les personnes réagissent en général ?

C’est variable. Soit on ressent de suite un regain d’énergie après la séance. Soit à l’inverse, on se sent un peu fatigué avant d’avoir ce regain d’énergie quelques heures plus tard !

Et à quelle fréquence pratique-t-on ces séances ?

C’est variable, mais pour une récupération après une grosse épreuve sportive (surtout s’il existait une inflammation) ou après une blessure, il faudra en moyenne 3 sessions pour avoir un effet probant.

Pour les maladies de peau, on obtiendra des résultats avec 2-3 séances minimum de façon rapprochée.

Quelles sont les contre-indications ?

L’Hypertension artérielle sévère (la vasoconstriction induit une augmentation temporaire de la tension artérielle), les problèmes cardiaques ou certains troubles circulatoires, les problèmes respiratoires, les maladies rénales, les lésions cutanées…  Il existe d’autres contre-indications relatives où cela sera pratiqué avec plus de prudence (pour le syndrome de Raynaud par exemple). En tous les cas, un questionnaire détaillé est rempli au préalable avec la personne de façon à identifier les potentielles contre-indications.

Certains mettent également en avant un intérêt dans la perte de poids, qu’en penses-tu ?

Pour moi, la cryothérapie corps entier n’a pas d’effet sur le poids. Certes la perte de calories est un peu plus importante pendant la séance mais cela reste anecdotique, surtout si la personne compense en s’offrant un pain au chocolat en réconfort en sortant ! En revanche, avec la cryothérapie localisée, on peut obtenir certains effets esthétiques.

Quelle est la différence justement avec la cryothérapie localisée ?

Celle-ci se pratique avec une tête métallique (qui ressemble à une sonde d’échographie), de façon locale, par contact, et a plutôt une visée esthétique.

C’est-à-dire ?

On parle de cryolipolyse. L’application du froid sur certaines zones entraîne la lyse des cellules adipeuses via induction de leur apoptose (la cellule s’auto-détruit en réponse à un signal). Bien entendu, pas d’effet miraculeux, cela doit s’accompagner d’une bonne hygiène de vie par ailleurs (alimentation et exercice physique), mais on obtient un effet remodelant sur des zones spécifiques (ventre, cuisses, mollets, culotte de cheval, double menton…). Dans ce cas, 6 séances en moyenne sont nécessaires, espacées de 2 semaines. (NDRL : j’avoue rester dubitative sur ce point et cherche des explications concrètes. Si l’on a effectivement destruction des adipocytes, quid de l’effet sur les autres cellules ? Si certains d’entre vous ont des explications, je suis preneuse !)

Si vous souhaitez aller plus loin dans les mécanismes biochimiques impliqués dans la cryothérapie corps entier, cet article est assez détaillé.

L’institut Pøle, Paris 1er (M° Palais Royal) est ouvert tous les jours, de 8h à 20h du lundi au vendredi, et de 10h à 19h les week-ends et jours fériés.

vitrine

Ensemble des crédits photo : Institut Pole

2 commentaires sur “A la découverte de la cryothérapie

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  1. bonjour,
    Je viens d.apprendre que j’ai une myopathie ( j’ai 52 ans )
    Et je souffre énormément la nuit le jour 24/24
    Je voudrais savoir si la cryothérapie peu soulager mes douleurs?????
    Merci de votre réponse

    J’aime

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