Comprendre la maladie de Lyme

30 000.

Ce serait le nombre de nouveaux cas de maladie de Lyme recensés chaque année en France*.

Les statistiques

Le nombre de cas ne cesse d’augmenter. La maladie est aujourd’hui recensée dans plus de 80 pays dans le monde, Etats-Unis en tête, mais l’Europe est également très touchée. Sachant que les chiffres sont sans doute sous-estimés dans la mesure où non seulement les méthodes de détection sont loin d’être fiables, et il n’existe par ailleurs aucune obligation de déclarer officiellement les cas identifiés auprès des autorités de santé. Les régions les plus touchées seraient l’Alsace, la Champagne-Ardennes, la France-Comté et le Limousin (bon vous me pardonnerez, je ne suis pas à jour sur le nouveau découpage des régions de France ! 😉

La tique étant l’un des principaux vecteurs, on retrouve une corrélation entre la répartition géographique des cas de Lyme et les zones de prolifération des tiques.

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Pour la petite histoire

La maladie tient son nom de la ville des Etats-Unis où elle fut observée de façon épidémique pour la première fois en 1975. De nombreux cas d’arthrite rhumatoïde juvénile avaient été observés (alors que ce type d’affection touche généralement des sujets plus âgés). On l’appela alors « arthrite de Lyme » tout en ignorant toujours sa cause. Ce n’est que presque 10 ans plus tard, en 1982, que l’agent infectieux, une espèce de Borrelia, fut isolé et identifié par un entomologiste (qui étudie les insectes) et bactériologiste américain, Willy Burgdorfer.

Une bactérie en cause

La maladie de Lyme, aussi appelée borréliose, est donc due à une bactérie de la famille des Borrelia. Cette famille regroupe différentes souches, comme Borrelia burgdorferi (qui fut la première souche identifiée et tire son nom du Dr Burgdofer que l’on vient d’évoquer) ou Borrelia garinii, Borrelia afzeii et Borrelia spielmanii. Mais retenez juste le nom de Borrelia. Cette bactérie peut être retrouvée chez certains animaux (chien, chat, gibier, rongeurs…) qui sont ce qu’on appelle des « réservoirs », mais l’un de ses principaux vecteurs est la tique (d’autres insectes pourraient potentiellement également la transmettre). Les tiques sont surtout actives au printemps et au début de l’automne (il est bon de savoir qu’elles sont absentes à partir de 1 500 mètres d’altitude).
Une tique peut être saine à la base, et s’infecter elle-même en piquant un animal contaminé. Elle devient alors porteuse de la bactérie et va la transmettre aux sujets (animaux ou hommes) qu’elle piquera ensuite (c’est pourquoi on parle de vecteur). La bactérie est en effet présente en quantité dans la salive et le tube digestif de la tique. Durant sa morsure (la tique reste souvent accrochée à sa proie plusieurs heures), elle contamine alors potentiellement le sujet.
Certains avancent la possibilité de transmission de mère à l’enfant pendant la grossesse.

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On pensait qu’une fois dans l’organisme, la bactérie mettait 3 à 30 jours pour se développer, mais un récent article de l’Institut Pasteur laisse entendre que l’infection démarrerait dans les premières 24 heures suivant la morsure.

Cette maladie est aujourd’hui devenue problématique pour deux raisons :

  • Le taux d’infection des tiques par la bactérie s’est fortement accru (de 15% il y a une quinzaine d’années, on serait aujourd’hui à 40 à 50%, autrement dit si vous êtes piqué par une tique, vous avez près d’une chance sur 2 de contracter la bactérie et la maladie).
  • C’est une maladie qui est encore mal identifiée. Si la piqûre est passée inaperçue, le médecin peut ne pas penser en premier lieu à cette maladie. La plupart des praticiens ne disposent pas encore des connaissances nécessaires en la matière. Elle est aussi encore mal prise en charge et tout le corps médical n’est pas en accord sur le sujet.

Un dépistage difficile

Si la maladie est parfois difficile à diagnostiquer, c’est que cette bactérie spiralée (elle a vraiment la forme d’une spirale) met parfois en échec les tests de dépistage (de la même façon, elle va pouvoir ainsi échapper au système immunitaire qui est normalement chargé de traquer les intrus). Elle a en effet la capacité de se « dissimuler » et ne pas être facilement détectable. Elle peut notamment « s’enkyster » et entrer en dormance (d’où le fait que la maladie ne se déclare parfois que longtemps après une piqûre) ou s’entourer d’une membrane ou biofilm qui ne seront pas reconnues comme étrangers par le système immunitaire.

Donc :

  1. non seulement elle sera difficilement détectable ;
  2. elle va passer inaperçue aux yeux du système immunitaire ;
  3. les traitements vont être inefficaces sur ces formes enkystées ou encapsulées.

Les symptômes de la maladie

Les symptômes et délais d’apparition peuvent être très variables selon les individus, selon notre « terrain », la vaillance de notre système immunitaire… mais on distingue généralement 3 phases de développement.

Durant la Phase 1, il peut y avoir apparition de ce que l’on appelle un « érythème migrant » (jusqu’à 85% des cas)
Cette rougeur apparaît autour de la piqûre et s’étend sous forme de cercle, d’où le nom d’érythème (= rougeur) migrant. C’est le symptôme le plus caractéristique et ce genre de tache doit attirer votre attention même si vous n’avez pas remarqué de piqûre au préalable (elle a pu passer inaperçue). Cette rougeur, qui peut aller jusqu’à 10 cm de diamètre, est chaude mais n’est pas douloureuse et ne démange pas.

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Erythème migrant 

Durant cette phase, il peut aussi apparaître des symptômes grippaux : fièvre, fatigue, maux de tête, courbatures, douleurs articulaires. Ces symptômes peuvent apparaître quelques jours après la piqûre mais il convient de rester attentif à leur survenue durant 1 à 2 mois.
Si un traitement n’est pas mis en place à ce stade, la maladie va continuer de progresser, même après la disparition de ces premiers symptômes.

Phase 2, qui peut intervenir plusieurs semaines voire plusieurs mois après la piqûre. Peuvent apparaître des manifestations articulaires (inflammation et douleur au niveau des grosses articulations (d’où le nom d’arthrite de Lyme évoqué au début de cet article), des manifestations neurologiques (maux de tête, paralysies faciales, voire méningite), des manifestations cutanées (toujours érythème migrant mais sur d’autres parties du corps), des manifestations cardiaques (troubles du rythme ou insuffisance cardiaque), ou oculaires.

La phase 3, qui peut survenir parfois des années après la piqûre incriminée. La maladie devient alors chronique et les manifestations de la phase 2 s’accentuent encore.

Les troubles pouvant être très variés et non spécifiques, le délai de diagnostic de la maladie est parfois très long, maintenant la personne en souffrance.

Les recommandations préventives

Si vous partez en randonnée, ou balade en forêt ou dans des herbes hautes, il est recommandé de couvrir ses jambes (chaussettes hautes et pantalons longs) (et pantalon rentré dans les chaussettes) (oui bah on oublie l’élégance !), voire ses bras (les tiques peuvent gentiment se laisser tomber des arbres !).

Il y a toujours l’option des répulsifs (chimiques) mais ceux-ci ne sont pas dénués de toxicité et ne sont pas adaptés à tout le monde (enfants, femmes enceintes, personnes âgées…). Certains anti-moustiques à base d’huiles essentielles sont présentés comme également répulsifs des tiques mais leur efficacité reste à confirmer.

Au retour, on s’inspecte (sans oublier les cheveux) ! si une tique est présente, ne surtout pas l’arracher car elle pourrait laisser son rostre dans la peau ou régurgiter encore plus de choses indésirables sous l’effet du stress. De même on décommande de tenter de l’anesthésier (à l’éther ou autre). Le mieux est d’opter pour le tire-tiques que l’on peut trouver en pharmacie. La tique doit être retirée en la faisant pivoter dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, afin d’éviter que son rostre ne reste accroché à la peau. On désinfecte soigneusement.

Dans les semaines qui suivent, on surveille la zone de la piqûre afin de détecter si apparaissent des signes d’infection (cf symptômes du stade 1).

Les traitements préconisés

En cas de piqûre avérée, et en l’apparition de premiers symptômes, l’approche classique généralement proposée consiste à administrer à hautes doses (et potentiellement au long cours) des antibiotiques. Leur inconvénient : une forte perturbation de la flore intestinale et l’apparition de nombreux troubles connexes. Ces traitements sont surtout efficaces au stade 1 de développement.

Si vous vous êtes déjà penchés sur le sujet, vous aurez sans doute entendu parler du fameux Tic tox, approche alternative à base de phytothérapie. Ce mélange d’huiles essentielles dotées de propriétés bactéricides (sarriette, sauge officinale, camomille sauvage, girofle, origan compact, cannelle et niaouli) était à l’origine utilisé par voie cutanée puis a été préconisé par voie orale. Il était censé prévenir le développement de la bactérie et de la maladie. Cependant, sa fabrication, sa vente et sa prescription ont été interdits en France, car le produit ne bénéficiait pas d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) obligatoire pour tous les médicaments. L’autre raison évoquée est que les doses de sauge officinale, potentiellement neurotoxique et abortive, étaient trop importantes. Certaines personnes continuent néanmoins à s’en procurer à l’étranger.

La maladie de Lyme est un sujet très vaste et sur lequel on trouve beaucoup d’informations contradictoires.

Pour aller plus loin :

  • A découvrir, les ouvrages écrits sur le sujet par Judith Albertat, ancienne pilote de ligne, aujourd’hui naturopathe et cofondatrice de l’association Lyme sans frontières.
  • Le site http://www.maladie-lyme-traitements.com sur lequel on trouve pas mal d’informations, mais certaines sont peut-être à prendre avec caution.

*cet article a une visée uniquement informative et n’a pas pour objectif de prendre position pour ou contre l’approche allopathique généralement préconisée.

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