L’endométriose : une maladie mal comprise

A la question posée aux femmes en cabinet concernant le caractère douloureux de leurs règles, on me répond souvent « oui, enfin, comme pour tout le monde ». Et bien non. La douleur n’est pas la norme, fort heureusement (n’ayant moi-même jamais connu de règles douloureuses, cette réponse fréquente en consultation me surprenait lorsque j’ai commencé les consultations).

Dans l’endométriose, on est bien entendu bien au-delà du simple syndrome prémenstruel, avec des douleurs qui sont parfois à la limite du soutenable.

Je n’avais jamais entendu parler de cette pathologie jusqu’à il y a quelques années où je me suis retrouvée en cursus de naturo avec une jeune femme concernée. Forme assez évolutive car elle avait déjà été opérée, et de mémoire, on avait dû lui ôter un segment d’intestin.

Et puis peu de temps après, le diagnostic a été posé pour l’une de mes amies, qui connaissait depuis peu des douleurs si intenses qu’elle avait cru s’évanouir dans les toilettes sur son lieu de travail. Dans son cas, cela avait été masqué par les douleurs intestinales qu’elle connaissait depuis longtemps (les médecins l’auraient volontairement mise dans la case syndrome irritable). Mais en y repensant aujourd’hui, peut-être que ces douleurs de l’époque, avant même d’être aussi intenses, n’étaient pas spécifiquement liées au système digestif.

L’endométriose est une maladie méconnue, des médecins, du grand public, même si aujourd’hui le fait que certaines personnes médiatiquement exposées qui en souffrent aient commencé à en parler (comme par exemple la chanteuse Lorie, ou l’actrice Laetitia Millot) donne une certaine visibilité à la maladie. Et bizarrement, les langues se délient. J’ai l’exemple d’une personne reçue au cabinet, aujourd’hui ménopausée, qui a connu des troubles importants depuis son plus jeune âge, mais où le terme d’endométriose n’a été prononcé que bien plus tard (à noter que si la plupart du temps, la ménopause réduit bien les manifestations, certaines personnes continuent à en souffrir même au-delà).

Qu’est-ce que l’endométriose ?

Pour rappel, l’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Au cours du cycle, sous l’effet des hormones (oestrogènes), l’endomètre s’épaissit en vue d’une potentielle grossesse. S’il n’y a pas fécondation, il se désagrège et saigne. Ce sont les règles.

L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique qui se caractérise par la présence hors de l’utérus, de cellules de la muqueuse utérine (endomètre). Ces cellules peuvent migrer et s’implanter dans d’autres régions (ovaire, intestin, vessie…). Réagissant aux fluctuations hormonales au cours du cycle menstruel, elles vont, tout comme l’endomètre, saigner au moment des règles. C’est ce qui provoque les fortes douleurs. Elles causent des réactions inflammatoires avec formation de tissu cicactriciel et d’adhérences avec les organes voisins.

On dit également qu’il n’y a pas une mais “des” endométrioses, les formes, l’importance et la localisation étant variables selon les cas.

Catherine Petitdidier Naturopathe Puteaux Endo 3

Comment se manifeste-t-elle ?

Les manifestations les plus courantes : règles (très) douloureuses, douleurs pelviennes chroniques, douleur pendant les rapports sexuels, fatigue chronique, infertilité (qui heureusement comme je l’ai dit , n’est pas une fatalité). Selon les cas, il peut aussi y avoir des troubles digestifs ou urinaires. Avec des impacts sur la vie personnelle, sociale et professionnelle (avec parfois des arrêts maladie à répétition). Le diagnostic est souvent très long à être établi : 7 ans en moyenne selon le Dr Chrysoula Zacharopoulou, gynécologue chirurgien, spécialiste de l’endométriose.

Mais pour les femmes concernées, la maladie est souvent surtout synonyme de souffrances. Nombre de gynécologues ne savent pas comment accompagner ces troubles (le plus souvent, la pilule contraceptive sera recommandée comme seul moyen de couper le processus, car il n’existe aucun traitement allopathique spécifique et réellement efficace). Dans le pire des cas, on met la patiente sous ménopause artificielle (via l’administration d’analogues de GnRH, une hormone). Imaginez le choc physique et psychologique pour une jeune femme. Sans compter l’absence de soutien psychologique lorsque les troubles sont sévères.

Une maladie plus répandue qu’on ne le pense

Une à deux femmes sur 10 en âge de procréer seraient touchées en France et dans le monde. Soit 14 millions de femmes concernées en Europe. 180 millions dans le monde. Et malgré cela, cela reste une maladie peu comprise et peu étudiée. La maladie aurait pourtant été identifiée pour la 1ère fois en 1860.
30% des femmes souffrant d’endométriose auront des problèmes de fertilité, même si heureusement, ce n’est pas une fatalité (des femmes atteintes d’endométriose réussissent malgré tout à mener une grossesse).

C’est aussi encore pour beaucoup un sujet dont on ne parle pas, car même si les choses évoluent, le sujet des règles reste encore tabou dans notre société (alors imaginez dans d’autres pays non occidentaux !).

Catherine Petitdidier Naturopathe Puteaux Endo
Source : endofrance.org

Quelle est son origine ?

Les causes restent elles-aussi inconnues. L’hypothèse la plus communément acceptée est la « théorie du reflux menstruel », décrite par le gynécologue américain John A. Sampson (1927). Au cours des règles, des saignements remontant par les trompes amènent des fragments d’endomètre dans la cavité abdomino-pelvienne. Ces fragments se fixeraient ensuite en surface du péritoine (membrane qui recouvre les organes abdominaux) et les organes du pelvis. Cependant, le phénomène de reflux menstruel existe chez quasiment toutes les femmes alors que l’endométriose ne se développe que chez 10% d’entre elles (le système immunitaire détruit en général ces cellules qui ont une localisation anormale). Ce n’est donc pas la seule cause.

On évoque un rôle potentiel des perturbateurs endocriniens (qui entrainent une hyperoestrogénie,  et donc favoriseraient l’endométriose).  Il est aussi souvent avancé que les facteurs émotionnels sont aggravants, mais sans preuve réelle.

Catehrine Petitdidier Naturopathe Puteaux Endo 2

La prise en charge

Plus le diagnostic est précoce, et plus il sera facile de limiter sa progression. Ce qui peut mettre la puce à l’oreille est la corrélation entre les douleurs et le cycle menstruel, quelles que soient ces douleurs.  A des stades avancés, l’opération sera parfois nécessaire, afin d’éliminer les lésions d’endométriose. Ce qui est un moyen temporaire si on ne parvient pas à stopper la progression, car ces lésions sont susceptibles de réapparaitre par la suite.

Les traitements médicamenteux sont souvent lourds. Des antidouleurs tout d’abord pour supporter la douleur, qui selon les périodes peut être très intense. Et des traitements hormonaux, qui peuvent aller de la pilule contraceptive à la ménopause artificielle (analogues de la GnRH), le but étant de bloquer la production d’hormones afin de limiter le développement de l’endométriose (son développement dépend en effet de la production d’oestrogènes). L’un des inconvénients de la ménopause artificielle est que l’on peut ressentir la plupart des désagréments potentiellement rencontrés à la ménopause (bouffées de chaleur, variations de l’humeur, fatigue, sécheresse vaginale, risques de décalcification…).

Ce qui remonte assez souvent chez les personnes concernées, c’est le manque d’information de la part des médecins concernant la maladie elle-même et les traitements proposés. Quel que soit le degré de la maladie, un accompagnement complémentaire peut être salutaire : ostéopathie, acupuncture, psychologie, naturopathie…

En cela, la naturopathie peut avoir un intérêt, en jouant en premier lieu sur l’hygiène de vie : rééquilibrage alimentaire, limitation des aliments pro-inflammatoires (l’endométriose étant une maladie inflammatoire), limitation de l’exposition aux perturbateurs endocriniens (afin de limiter l’hyperoestrogénie), soutien du foie (là aussi pour limiter l’hyperoestrogénie, le foie étant chargé de dégrader /désactiver les hormones circulantes), rééquilibrage hormonal… Tous ces plans seront abordés à la fois par une meilleure hygiène alimentaire, mais aussi potentiellement  l’usage de la phytothérapie et des huiles essentielles (ces deux dernières offrant aussi des solutions pour la gestion de la douleur). On n’oubliera pas l’accompagnement au plan nerveux et émotionnel, cette composante étant suspectée d’être intimement liée à la problématique.

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