Aujourd’hui pour moi l’occasion de me replonger dans de jolis souvenirs, tout en vous faisant – je l’espère – découvrir certaines choses ! 🙂
Je vais vous parler de cranberry, de son petit nom latin Vaccinium macrocarpon. La baie était déjà très prisée par les indiens d’Amérique du Nord pour différents usages (alimentation, propriétés médicinales, mais aussi comme teinture naturelle). On doit la dénomination de cranberry aux colons néerlandais et allemands qui la baptisèrent « crane berry », car la fleur ressemble à la tête et au bec d’une grue (« crane » en anglais). Le terme est aujourd’hui galvaudé chez nous, mais pour les puristes (ou les québécois !), on parlera de canneberge.
Chez les anglo-saxons, la sauce aux cranberries est un accompagnement incontournable de la dinde de Thanksgiving ou de Noël. La petite baie a commencé à faire parler d’elle de notre côté de l’Atlantique il y a… une quinzaine d’années je dirais ? C’est surtout le jus de cranberry qui a contribué à sa renommée, jusqu’à ce que l’AFSSA valide une allégation santé (ils valident tellement peu de choses que cela avait été un événement ! 😉 J’y reviendrai plus tard ; je vais tout d’abord vous parler de la baie elle-même et de son mode de récolte original.
Une baie indigène d’Amérique du Nord
La cranberry est une petite baie ronde à ovale, de couleur rouge, qui pousse sur de petits arbustes d’une trentaine de cm de hauteur. On la trouve majoritairement sur une frange nord des Etats-Unis (on la nomme d’ailleurs aussi grande airelle rouge d’Amérique du Nord), ou au Canada (elle est également nommée « atoqua » au Québec), dans des régions où les températures sont plutôt basses.
A l’état sauvage, elle croit dans des tourbières acides (sols acides, pauvres en nutriments). Aux Etats-Unis, les zones où elle est cultivée sont aussi appelées « bogs » (qui signifie aussi tourbière). Il s’agit de terrains qui sont un peu en contre-bas, entourés par un petit talus. Vous allez comprendre pourquoi. S’il peut être sympa de cueillir des baies (quelles qu’elles soient : groseilles, myrtilles, canneberges… ) à la main dans son jardin, cela se complique dès lors que l’on passe à de plus grandes échelles.

La récolte
Dans le nord-est des Etats-Unis, la récolte de la cranberry a lieu en automne et s’étend généralement de mi-septembre à fin novembre (j’étais allée faire ce reportage au début du mois d’octobre, avec une météo encore clémente et des contrastes de couleurs magnifiques). Il est aussi possible d’obtenir des cranberries blanches (destinées à la transformation) ; elles sont alors récoltées avant maturité, au mois d’août.
Il existe deux modes de récolte :
- Une récolte sèche, traditionnellement utilisée pour la production de baies fraîches. Elle est effectuée à grande échelle grâce à des cueilleuses mécaniques.
- Une récolte humide, pour les fruits destinés à l’élaboration de produits dérivés (jus, purées, fruits séchés…).
Pour la récolte humide (c’est là que cela devient intéressant !), les bogs sont inondés avec 40 à 50 cm d’eau (vous vous rappelez qu’ils étaient entourés de petits talus ?). On se retrouve ainsi avec un bassin inondé dans lequel se trouvent les plants. On passe alors ce qu’ils appellent un « egg beater » (littéralement batteur à œufs), sorte de mixe entre un petit tracteur et une mini moissonneuse batteuse. Celui-ci va agiter doucement les branches et détacher les baies. Petite particularité de la cranberry, elle contient de petites cavités remplies d’air. Et donc ? et bien elle remonte à la surface et elle flotte !!! C’est ainsi que l’on se retrouve avec des mares de cranberries qui vont être rassemblées à l’aide de petits boudins flottants. Ne restera plus qu’à les pomper pour les collecter. Ingénieux non ? (ou alors je m’extasie sur des choses simples ! 😛
Il existe des systèmes de canaux qui permettent de recycler l’eau d’un bog à un autre.




Les plants de cranberry sont pérennes ; ils peuvent produire des baies jusqu’à l’âge de 100 ans. Leur culture est relativement « propre ». Le fait de répandre une petite couche de sable dans les bogs durant l’hiver empêche la croissance de nouvelles pousses superflues qui affaibliraient les plants (ainsi que des mauvaises herbes). Les pesticides sont interdits chez l’ensemble des exploitants avec lesquels travaille l’un des plus gros producteurs aux Etats-Unis (Ocean Spray, pour ne pas le nommer, qui était à l’origine une petite coopérative agricole avant de devenir la société que l’on connaît. La coopérative rassemble aujourd’hui plus de 700 producteurs. C’est sans doute eux qui ont contribué à la notoriété de la cranberry en France). Les insecticides n’étaient utilisés que si le comptage des insectes sur les plants révélait une réelle menace (ceci était valable il y a 10 ans au moment du reportage, j’ignore si les règles restent inchangées).
Ses propriétés
La cranberry est très acide et astringente (elle est très riche en tanins). On la consomme peu (pas ?) telle quelle. Elle est le plus souvent transformée : sauces, purées, déshydratée et sucrée (cranberry séchée), ou jus. Elle peut aussi être transformée en poudre (pour les compléments alimentaires ou les boissons instantanées).
- Elle est très riche en vitamine C (les marins américains la consommaient d’ailleurs lors des longues traversées en mer pour lutter contre le scorbut (maladie due à une carence en vitamine C)).
- Elle est très concentrée en proanthocyanidines (PACs) (25% de plus que la myrtille sauvage, 3 fois plus que la fraise ou 7 fois plus que le raisin rouge).
- Elle contient également des flavonols et autres composés phénoliques aux propriétés antioxydantes.
Ses graines contiennent aussi des oméga-3 et oméga-6 et des tocotriénols (une forme rare de vitamine E).
De nombreuses études avaient démontré que les PACs de cranberry avaient un effet anti-adhésion vis-à-vis de certaines bactéries dans le tractus urinaire (d’où son intérêt dans les cystites ou leur prévention). La France avait le premier pays au monde où les autorités réglementaires (AFSSA, aujourd’hui ANSES) avaient autorisé une allégation santé pour les jus, poudres et concentrés (l’ANSES est depuis lors un peu plus réservée : elle ne va pas jusqu’à dire qu’il existe un effet préventif sur les infections urinaires, même si l’effet anti-adhésion est bien démontré). Il avait aussi été mis en évidence un intérêt des PACs dans la santé bucco-dentaire (prévention de la formation de plaque dentaire) et la santé gastro-intestinale (effet anti-adhésion vis-à-vis de la bactérie Helicobacter pilori, souvent responsable d’ulcères de l’estomac).
En résumé, la cranberry peut être votre alliée si vous avez tendance aux cystites récidivantes. Si vous la prenez en jus, prenez en considération l’apport en sucres (la baie étant très acide, le jus est souvent assez sucré pour compenser l’acidité !). Il est aussi possible d’opter pour certains compléments alimentaires à base de canneberge (optez alors pour des produits assez concentrés en PACs, composés qui présentent l’activité recherchée !)
Catherine Petitdidier Naturopathe Neuilly-sur-seine 92 Catherine Petitdidier Naturopathe Neuilly-sur-seine 92 Catherine Petitdidier Naturopathe Neuilly-sur-seine 92 Catherine Petitdidier Naturopathe Neuilly-sur-seine 92