Micronutrition et maladie de Crohn

J’ai dans le cadre de mon DU de micronutrition, réalisé mon mémoire sur la maladie de Crohn. Sachant que ce sujet est susceptible de concerner certains d’entre vous, je vous partage ici les éléments les plus généraux, sans rentrer dans les mécanismes biologiques très complexes ! Le but est néanmoins de souligner que la nutrition et la micronutrition sont primordiales et qu’il existe des solutions d’accompagnement (toujours en parallèle de l’allopathie, bien entendu).

La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (elle fait partie de ce qu’on appelle les MICI, Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin). Sa prévalence est en constante augmentation dans de nombreux pays occidentaux, notamment Europe du Nord et de l’Ouest, et Etats-Unis. En France, on recense plus de 120 000 cas, la maladie pouvant débuter à tout âge (avec un pic de fréquence entre 20 et 30 ans). Elle se caractérise par une inflammation de la paroi du tube digestif, pouvant mener à des lésions et des fistules. Contrairement à la rectocolite hémorragique (RCH) qui concerne exclusivement le colon, dans la maladie de Crohn, tous les segments du tube digestif peuvent potentiellement être concernés, de la bouche à l’anus. Néanmoins, dans les faits, ce sont généralement l’iléon (portion de l’intestin grêle) et le colon qui sont généralement les plus touchés. Selon l’étendue, les zones du tractus digestif concernées et l’intensité de l’inflammation, la maladie de Crohn se traduit majoritairement par des diarrhées pouvant être prolongées, parfois sanglantes, des douleurs abdominales, un amaigrissement, de la fatigue chronique, voire de la fièvre. Elle évolue par « poussées », d’intensité et fréquence variables, entrecoupées de périodes de rémission.

Etiologie

La maladie de Crohn est décrite comme une réponse inappropriée du système immunitaire face au microbiote (notre flore intestinale), avec une composante auto-immune (l’organisme produit des anticorps qui s’attaquent à l’organisme lui-même), chez des individus génétiquement prédisposés. Bien que ses origines soient mal comprises, on évoque des causes multifactorielles, incluant la génétique, des facteurs environnementaux, et un déséquilibre du microbiote (dysbiose). Cependant, la susceptibilité génétique expliquerait une partie seulement du risque de développer la maladie (20%).

L’importance du microbiote

Le profil de microbiote individuel est très diversifié chez l’Homme, mais relativement stable au fil des ans. De petites perturbations peuvent exister, mais elles sont réversibles. De nombreux facteurs de notre style de vie moderne peuvent affecter le profil de notre microbiote, comme les traitements médicamenteux, les régimes alimentaires riches en glucides raffinés, les aliments transformés pauvres en fibres fermentescibles, l’abus d’alcool, le stress chronique, certaines pathologies… De nombreuses sources scientifiques soulignent le fait que le régime occidental, riche en graisses saturées et pauvre en fibres, induit un déséquilibre du microbiote, ce qui favorise l’inflammation, qui va à son tour influencer la composition et la fonction du microbiote intestinal.

On observe en premier lieu chez les patients atteints de maladie de Crohn une baisse drastique de la diversité du microbiote, et donc des métabolites microbiens produits par notre flore, comparativement à des sujets sains. En particulier, on note une diminution de l’abondance de certaines bactéries bénéfiques (je ne rentrerai pas dans le détail ici) et à l’inverse l’apparition de bactéries néfastes. Il existe ainsi une dominante de micro-organismes potentiellement pro-inflammatoires, vs ceux anti-inflammatoires. Chez les patients atteints de maladie de Crohn, la dysbiose intestinale est associée à une hyperperméabilité intestinale.

Approche nutritionnelle

L’approche nutritionnelle recommandée en médecine conventionnelle dans les cas de maladie de Crohn repose souvent sur un régime alimentaire pauvre en FODMAPS (Fermentable Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides, and Polyols). Bien que de nombreuses sources décrivent une réduction potentielle des douleurs abdominales, des diarrhées et ballonnements, ce régime induit une réduction des apports en prébiotiques, ce qui peut affecter négativement la composition du microbiote intestinal. De même, d’autres régimes d’éviction (sans lactose ou sans gluten) perturbent également la diversité microbienne. Le régime cétogène, pour sa part, qui est caractérisé par un apport très faible en glucides (<50 g par jour, soit 5 à 10% de l’apport énergétique journalier) et un apport réduit en prébiotiques, induit une augmentation de l’abondance de bactéries aux effets pro-inflammatoires. La diminution des fibres prébiotiques dans ce type de régime engendre les mêmes travers qu’avec le régime pauvre en FODMAPS.

Intérêt de la micronutrition

Compte-tenu du fait que certains composés alimentaires ou pouvant être apportés via la supplémentation peuvent influencer le microbiote intestinal, la fonction barrière et immunitaire de la muqueuse intestinale, l’approche micro-nutritionnelle ouvre une voie intéressante pour la stabilisation des maladies auto-immunes.

De nombreuses études menées sur des modèles animaux de colite (inflammation de l’intestin) ont par exemple permis d’identifier des composés permettant de prévenir ou au contraire de favoriser l’inflammation intestinale (que ce soit certaines vitamines, minéraux, antioxydants, lipides, fibres, ou certaines souches bactériennes spécifiques).

Les données de littérature sont nombreuses, et parfois contradictoires. Néanmoins, l’amélioration du microbiote intestinal semble clé, une dysbiose étant associée à une dysfonction de la barrière intestinale, qui serait la cause de l’auto-immunité. Dès lors, les micronutriments pouvant  influer sur ces différents paramètres représentent une piste intéressante pour la stabilisation de cette pathologie.

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à prendre rendez-vous pour une consultation (voir créneaux de consultation au cabinet sur Doctolib, ou me contacter directement pour une consultation en visio) !