Au cours de la grossesse, l’alimentation de la mère va permettre d’assurer le bon développement du fœtus. Comme nous l’avons vu dans un article précédent, son alimentation va par exemple fortement influencer le développement du cerveau du futur enfant.
Outres les besoins classiques en protéines, glucides, lipides… la femme enceinte présente des besoins plus spécifiques en certaines vitamines (acide folique par exemple), acides gras essentiels, ou minéraux (fer et calcium notamment). Ces besoins se poursuivent pour la plupart chez la femme allaitante.
Au tout début de la conception
Celles d’entre vous qui auront déjà eu ou envisagé une grossesse connaissent sans doute l’acide folique (vitamine B9), la plupart des médecins recommandant une supplémentation avant et au début de la grossesse. L’un des objectifs du PNNS (Programme National de Nutrition Santé) était d’améliorer le statut en folates des femmes en âge de procréer (une alimentation variée et équilibrée, riche en légumes à feuilles et graines, permet normalement de couvrir les besoins). L’acide folique recommandé par les médecins supplée donc en cas d’apports alimentaires insuffisants (les recommandations actuelles sont de 0,4 mg /jour avant la conception (deux mois avant le début de la grossesse) et pendant le premier trimestre. Cette vitamine est en effet particulièrement pendant les premiers mois, voire premières semaines de la grossesse. Elle contribue notamment au bon développement du système nerveux du fœtus (une supplémentation diminue jusqu’à 70% le risque d’atteinte du tube neural). L’essentiel à savoir sur les folates.
Du DHA pour le cerveau de l’enfant
Le DHA (acide docosahexaénoïque), acide gras de la famille des oméga-3, est naturellement présent dans le lait maternel. Sa teneur dépendra des apports en oméga-3 dans l’alimentation de la maman (Relire également cet article sur les différentes matières grasses alimentaires et le topo sur les oméga-3). Le DHA est essentiel au bon développement rétinien et cérébral de l’enfant. Il est l’acide gras le plus abondant dans le cerveau (97%) et de la rétine (93%). Le fœtus étant incapable de synthétiser ce DHA, il doit être fourni pendant la grossesse par la mère à travers la barrière placentaire. L’accumulation de DHA dans le cerveau est surtout importante dans la deuxième partie de la grossesse et se poursuivra après la naissance. Beaucoup de femmes ignorent cependant son importance et n’en consomment pas suffisamment. Un groupe d’experts du National Institute of Health (NIH) aux États-Unis estime qu’un apport de 300 mg de DHA est souhaitable chez la femme enceinte et allaitante. En France, pas de recommandations quant aux apports journaliers en oméga-3. On recommande seulement d’avoir une alimentation équilibrée et variée, et de manger du poisson 2 fois par semaine, dont au moins un poisson gras (mais pas plus de deux fois par semaine en raison des contaminants environnementaux (métaux lourds notamment, qui se stockent dans les matières grasses) (et oui… vu le niveau de pollution des océans…). Les poissons gras sont en effet les principales sources de DHA et EPA. Les huiles végétales fournissent quant à elles d’autres oméga-3 mais pas ceux-ci.
La supplémentation de la mère en DHA pendant la grossesse et l’allaitement entraîne une augmentation significative des niveaux de DHA disponibles pour le fœtus et l’enfant, contribuant au bon développement psychomoteur. Parmi les autres bénéfices : les oméga-3 réduisent le risque de naissance prématurée chez les populations à risque, et une augmentation de la taille et du poids à la naissance chez les bébés prématurés. Autre effet intéressant : une réduction de la dépression post-partum, qui toucherait 10 à 15 % des jeunes mamans (source doctissimo). Une étude canadienne de l’Université de Calgary parle même de 1 femme sur 4. Les femmes touchées par la dépression post-partum présenteraient un niveau d’inflammation supérieur. Or, les Oméga-3 ont … justement un effet anti-inflammatoire !
Les semaines suivant l’accouchement sont souvent une période de stress intense (fatigue, manque de sommeil….). Or, le stress entraîne une augmentation de la production de cytokines pro-inflammatoires, et l’inflammation est justement un facteur de risque prédominant dans l’apparition de la dépression.
Fer et anémie
Si la carence en fer est répandue chez les femmes (les règles occasionnant des pertes tous les mois), la femme enceinte est encore plus vulnérable sur ce plan. Selon la WHO (World Health Organization), en 2011, 29% (496 millions) des femmes non enceintes et 38% (32,4 millions) des femmes enceintes âgées de 15 à 49 ans étaient anémiques.
L’anémie affecte à la fois le fœtus et la mère, induisant un apport en oxygène insuffisant, ce qui favorise une hypoxie fœtale (manque d’oxygénation du fœtus). Celle-ci est associée à des naissances prématurées, un faible poids à la naissance, voire une mort périnatale ou néonatale. L’augmentation des besoins en fer, notamment après le 2ème trimestre, encourage souvent une supplémentation, d’autant plus si la future maman mange peu de viande (le fer végétal est très mal assimilé). La forme de fer la plus anciennement utilisée est le sulfate ferreux, peu coûteux (forme retrouvée dans le fameux Tardyferon®, que quasiment personne ne supporte !). Le sulfate ferreux est en effet faiblement biodisponible et souvent mal toléré au plan digestif (diarrhées ou constipation, douleurs…). Il existe heureusement d’autres formes dont l’assimilation est meilleure, comme des fers chélatés. Quant à la question de savoir si la spiruline peut être utilisée comme source de fer pendant la grossesse, les avis divergent. Certains considèrent que la prise est sans risques, alors que d’autres préfèrent l’éviter (au regard du potentiel détoxifiant de cette micro-algue, mais tout dépend sans doute des doses). A lire cet article (pas de détox chez la femme enceinte !). En cas de prise, il faut en tout cas s’assurer de la bonne qualité de la spiruline utilisée afin d’éviter tout apport de polluants si elle a été cultivée dans une eau non qualitative (la micro-algue fixant justement les polluants).
Ce sont ici seulement quelques exemples des besoins spécifiques de la femme enceinte ou allaitante. Si une alimentation variée et qualitative permet généralement de couvrir les besoins, des supplémentations sous forme de compléments alimentaires sont parfois nécessaires. Il est alors préférable de se faire conseiller par un médecin ou thérapeute compétent !
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