Le jeûne en pratique

Dernier article de cette série sur le jeûne, après vous avoir parlé de mon propre retour d’expérience. On aborde aujourd’hui l’approche pratique du  jeûne hydrique long,

J’avais également déjà publié l’an dernier un article sur les bienfaits du jeûne, que je vous invite à lire/relire.

Comme je l’ai déjà souligné dans l’article précédent, le jeûne long (au-delà de 3 jours) ne s’improvise pas :

  • Il est nécessaire d’avoir une énergie suffisante au préalable
  • Ainsi qu’une capacité d’élimination via nos émonctoires suffisante (pas d’insuffisance hépatique ou rénale par exemple)
  • Il y a une phase préparatoire (descente alimentaire, où certains aliments vont être supprimés progressivement)
  • Après la période de jeûne, il y a de même une phase de reprise alimentaire.

Ainsi, pour une semaine de jeûne, il faut prévoir une semaine de préparation et une semaine de reprise, soit au total 3 semaines où les habitudes alimentaires vont être modifiées.

Si toutefois c’est votre premier jeûne long, il est préférable de le faire de façon encadrée. J’ai pour ma part choisi de le faire à l’institut PranaHvital, car le cadre m’avait enchantée, et j’avais toute confiance en Pierre, pharmacien et naturopathe.

Les contre-indications

Il existe aussi des contre-indications (strictes ou relatives) au jeûne, précisées par l’Association Médicale Jeûne et Nutrition (Allemagne) :

  • Diabète insulino-dépendant (type I)
  • Insuffisance hépatique ou rénale sévère (les émonctoires doivent être en mesure d’éliminer les déchets qui vont être remis en circulation)
  • Ulcères de l’estomac ou du duodénum
  • Etat extrême de dénutrition
  • Hyperthyroïdie
  • Grossesse et allaitement (des toxines vont repasser dans la circulation générale (sang) et risqueraient donc d’atteindre le fœtus/bébé).
  • Certains troubles mentaux (psychoses, anorexie mentale…)
  • Certaines dépendances (alcool ou drogues)
  • Affection sévère des coronaires ou athérosclérose cérébrale
  • Décollement de la rétine
  • Pathologies avec lourd traitement médicamenteux
  • Si prise d’anti-inflammatoires (qui ne doivent pas être pris à jeun mais au cours d’un repas).
  • En cas de prise de médicaments anti-arythmiques, une surveillance médicale est nécessaire. Un jeûne en centre de bien-être n’est pas adapté.

Attention, il est important également de prendre certaines précautions en cas de traitement médicamenteux au long cours :

  • En cas de traitement contre l’hypertension, il sera souhaitable de surveiller sa tension chaque jour, car il est fréquent que la tension baisse au cours du jeûne. Le traitement devra être modulé selon, à voir avec un médecin.
  • En cas de traitement anticoagulant : le jeûne de plus de 3 jours pouvant fluidifier le sang, il est là aussi préférable d’en parler à votre médecin.

Les bienfaits potentiels

Ce que l’on peut attendre du jeûne (je n’aborderai pas ici les bienfaits des jeûnes thérapeutiques longs qui doivent être pratiqués sous suivi médical, vous trouverez plus d’indications dans l’ouvrage mentionné en fin d’article) :

  • Une amélioration de certains troubles digestifs
  • Une amélioration des fonctions cognitives et une certaine clarté mentale. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’expérimenter ceci !
  • Lorsque l’énergie était suffisante avant le jeûne, nombreux sont les jeûneurs décrivant un regain d’énergie a posteriori et une amélioration du bien-être
  • Une diminution du poids chez les personnes qui avaient une hygiène de vie inadaptée avant le jeûne et qui profitent de cette étape pour améliorer leurs habitudes (alimentation, gestion du stress et activité physique, soit les piliers de la naturopathie)
  • Une réduction des allergies saisonnières (comme indiqué dans cet article)
  • Une diminution des addictions (tabac, sucre…)
  • Certaines personnes expérimentent un jeûne dans une période de transition, la pratique appelant à l’introspection. Il faut être conscient que le jeûne peut remuer au plan émotionnel.

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La phase de préparation

On parle de descente alimentaire.

A partir de J-7 : On supprime les aliments reconnus comme pro-inflammatoires pour les intestins : gluten (pain, pâtes, biscuits à partir de farines de blé, épeautre, orge, seigle, avoine) et produits laitiers, les sucres raffinés, les excitants (café, thé, chocolat, alcool).

Si consommation de protéines animales il y a, la viande rouge est remplacée par une viande blanche (poulet, poule), du poisson ou des œufs (coque, mollet…), et de préférence de façon dissociée (i.e. pas avec des féculents mais plutôt des légumes).

Pas de dessert, mais un fruit ou des oléagineux peuvent être pris en collation.

A partir de J-3 : les produits animaux sont éliminés.

A partir de J-2 : les céréales et les légumineuses sont supprimées. On ne garde que des légumes cuits, du riz blanc (certains recommandent également sa suppression mais cela risque d’être difficile à tenir), des huiles végétales riches en oméga-3 (colza par exemple), des jus de légumes (extracteur ou centrifugeuse) et des fruits.

Idéalement la veille du jeûne, on ne consomme que des légumes cuits et des jus de légumes.

Pendant le jeûne

On consomme de l’eau et des infusions (non sucrées) uniquement. Certains jeûnes introduisent des jus de légumes, et du bouillon, notamment dans le cadre des séjours Jeûne et Randonnée (il est vrai que faire un certain nombre de kilomètres par jour avec potentiellement du dénivelé, en étant en jeûne hydrique serait particulièrement difficile !).

Le premier jour de jeûne, on pratique une purge afin de vider les intestins (cf article précédent). En effet, lorsque l’alimentation cesse, le péristaltisme va fortement ralentir. Les matières stagnant dans le colon risqueraient donc d’enflammer l’intestin, et certaines toxines pourraient être réabsorbées, ce qui n’est pas le but !

Pour les mêmes raisons, un lavement est également pratiqué ensuite tous les jours ou tous les deux jours de façon à éliminer les matières restant dans le colon.

Au début du jeûne, la glycémie et le taux d’insuline diminuent. L’organisme perçoit l’absence d’aliments comme un stress et c’est le système orthosympathique qui domine, avec production d’adrénaline et noradrénaline. Celui-ci commande à l’estomac et autres organes digestifs de diminuer leurs sécrétions.

Après 3 jours environ, le système parasympathique prend le dessus (chez les personnes pour qui le jeûne n’est pas contraint en tous les cas ; si le jeûne est vécu comme une contrainte, le stress et la faim persistent) : la glycémie et le taux d’insuline sont bas, la tension artérielle baisse et le pouls ralentit. La cétogénèse se met en place (production de corps cétoniques à partir des acides gras contenus dans les cellules graisseuses). L’organisme se met en mode économie d’énergie. Le système digestif qui est mis au repos a l’opportunité de se régénérer. L’absence de chaleur habituellement dégagée par la digestion explique que la personne qui jeûne présente une frilosité accrue.

La phase de reprise alimentaire

Sur le même principe que la phase de descente, les aliments vont être réintroduits progressivement (le système digestif ayant été au repos pendant un moment, il est nécessaire de lui laisser le temps de se réveiller !)

Le jour de la reprise : rupture du jeûne avec un jus de légumes (et possiblement un verre de jus de légumes lactofermenté, celui-ci va amener des probiotiques qui vont contribuer à reconstituer le microbiote qui a en partie été éliminé via la purge). Il est parfois préconisé de consommer quelques pruneaux et des graines de lin que l’on aura mis à tremper la veille dans un verre d’eau. Cependant, le pruneau contient du sorbitol qui va être fermenté par la flore résiduelle dans le colon, ce qui n’est pas souhaitable. Les graines de lin risquent quant à elle d’être trop agressives si l’intestin était enflammé.

Il est aussi possible de consommer des légumes cuits (pas de légumes crus, dont les fibres sont trop irritantes), arrosés d’une huile de qualité. Attention à ne pas saler (ou très peu), sous peine de faire une forte rétention d’eau dans les premiers jours.

Jour de reprise +1 et +2 : jus de légumes lactofermenté, légumes et fruits cuits, petites quantités d’oléagineux (amandes, noisettes…) que l’on fera tremper au préalable afin d’améliorer leur digestibilité.

Concernant la réintroduction des crudités, elle devra se faire d’autant plus prudemment qu’il existait des troubles intestinaux avant le jeûne.

Jour de reprise +3 : possibilité de réintroduire les céréales

Jour de reprise + 4 : possibilité de réintroduire les légumineuses

Jour de reprise +5 : possibilité de réintroduire les œufs et les produits laitiers (en petite quantité)

Jour de reprise +6 : réintroduction du poisson ou de la viande si vous en mangiez.

Durant cette semaine, les assaisonnements se font avec de l’huile, un peu de citron (pas de vinaigre). A proscrire : vinaigre, piments ou épices fortes, ail, café, thé, chocolat, alcool.

Cette phase de reprise alimentaire est importante afin d’éviter tout trouble digestif ou développement de flore intestinale inappropriée.

Pour aller plus loin : « L’art de jeûner », Dr Françoise Wilhelmi de Toledo, Editions Jouvence

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